Rassembler, pour faire avancer la reconstruction – Soualiga Post

L’ASSOCIATION SAINT-MARTIN UNI RASSEMBLE DIFFÉRENTS ACTEURS DE LA SOCIÉTÉ CIVILE SAINT-MARTINOISE QUI METTENT LEURS COMPÉTENCES À PROFIT POUR MENER DES ACTIONS EN FAVEUR DE LA RECONSTRUCTION.

Faire avancer la reconstruction de Saint-Martin en rassemblant. Telle est l’intention de Saint-Martin Uni, association née aux lendemains d’Irma (17 octobre 2017), à l’initiative de Cédrick André, son président. Salarié dans l’hôtellerie en activité partielle depuis septembre dernier, il a, dans l’interim, créé une entreprise de déblaiement. Il est surtout connu pour ses fonctions de représentant syndical de l’UGTG. « Je me suis dit qu’il fallait rassembler toutes les forces » résume-t-il avant de concéder avoir « fait beaucoup de bruit » en tant que militant.

Revendiquée apolitique, l’association rassemble différents acteurs du monde économique local, et de la société civile saint-martinoise en général. Avec ses 600 adhérents, sa centaine de membres actifs et son conseil d’administration composé de quinze personnes, l’association s’est au fil des mois positionnée comme porte-parole de la population sinistrée auprès des autorités locales et nationales. « On est là pour faire le lien. Il y a eu plein de groupements après Irma et nous on a voulu les rassembler. Récolter les informations et les restituer» avance Cédrick André.

« Notre ambition est d’unir, de réunir toutes les forces vives de Saint-Martin pour réussir à reconstruire, redonner un toit, un avenir, à chacun » avance Taî Ghzalale, vice-président de SMUNI (Directeur des Projets & Directeur Commercial Agence Iles du Nord chez Ecofip, Directeur de Frigodom, directeur général de Coalys). « Lors d’une réunion, la préfète nous a expliqué qu’un territoire c’est quatre pieds : l’Etat, la Collectivité, la population et les entreprises. On a immédiatement sauté sur cette image pour dire : ‘ça tombe bien on est le cinquième pied’. Notre rôle n’est pas de faire à la place des autres mais de faire interagir les différents pieds, de parler au nom d’un des pieds qu’on n’entend pas, d’aller par exemple dans des réunions, d’empêcher que les gens partent dans la violence, d’aller à Paris, à Bruxelles » poursuit-il. L’association dont l’autre vice-président est Patrice Seguin, directeur du Beach Plazza où elle a installé son bureau, a recruté un chargé de mission, Ewen Vallée, étudiant en droit et études européennes, seul salarié pour le moment. Il fait le lien entre la production écrite, la mise en place de formations, et travaille sur beaucoup de projets. « C’est l’élément transversal » commente Taî Ghzalale. Saint-Martin Uni est aussi présente à Bruxelles où France Hankart y fait un travail de lobbying également pour l’association des hôteliers. « L’une des ambitions de l’association est de venir en aide aux associations qui en ont besoin » souligne Taî Ghzalale.

« La première action que l’on a mise en place a été de circuler en voiture dans tous les quartiers avec un slogan, un haut parleur et une musique, et d’inviter les gens à se rendre à un point pour discuter avec eux» explique Cédrick André. Dans les premiers jours aprsè Irma, il a par ailleurs aidé les militaires à distribuer de l’eau et de la nourriture dans Sandy Ground.

Après avoir écouté la population, les membres de l’association réalisent qu’ils doivent transmettre un message. « On a appris que la visite officielle du premier ministre s’organisait et c’est devenu l’objectif du début du mois de novembre. Pendant une semaine on a organisé une série d’actions, de réunions publiques, d’échanges avec la préfète, le président de la COM puis très vite avec le ministère» rapporte Taî Ghzalale.

Leur but : rencontrer le premier ministre et faire remonter les difficultés de la population mais aussi des propositions. « Il ne s’agissait pas que de pleurer ou mendier. A ce moment-là, la presse nationale ne parle que des pillages. On se dit qu’il faut qu’on change le regard en montrant que ce territoire peut-être proactif. Donc on est venu en disant on a un plan d’action à vous proposer. On a transmis une lettre au premier ministre par voie d’huissier directement à son bureau ».

Ils obtiennent finalement une réunion de travail de près de deux heures avec Edouard Philippe le 5 novembre et sont intégrés au cortège du lendemain au cours duquel ils présentent leurs projets à la ministre des Outre-mer mais aussi au reste de la délégation. Ils avaient par ailleurs invité la population à s’habiller en blanc pour montrer un front uni dans la reconstruction.

Une fois sa légitimité acquise, l’association a depuis mené différentes actions parmi lesquelles la mise en place de formations puis de contrats de professionnalisation orientées vers les métiers du bâtiment, ainsi que la mise en relation de jeunes et d’entreprises, en partenariat avec les Compagnons du devoir, le Greta des Antilles, l’OPCA Constructys, Pôle Emploi, le Centre symphorien d’insertion, FORE IDN, et l’E2C Guadeloupe.

Saint-Martin Uni accompagne l’EMCC, l’association européenne de coaching et mentorat dans son opération de coaching solidaire et de soutien psychologique de la population.

Elle effectue également un travail de soutien à ceux qui font la reconstruction en mettant par exemple à la disposition des Compagnons bâtisseurs un container pour son atelier et « outil-thèque », et des actions d’aide sociale comme le déblayage du jardin de particuliers, le nettoyage de la plage de Sandy Ground etc.

Son dernier projet, intitulé « Booster la résilience », vise à accompagner  les acteurs de Saint-Martin dans leurs stratégies de résilience et de développement durable avec également une dimensions scientifique (identification de pratiques duplicables ailleurs dans les Antilles et le monde). Après un temps d’immersion et de rencontres de deux semaines en avril, un programme de trois ans a été conçu comprenant des formations, des séminaires et des micro-projets. « Des partenariats et des soutiens financiers sont en passe d’être conclus avec les société d’assurance, les fonds européens et locaux » assurent les membres de l’association.

Saint-Martin Uni réfléchit par ailleurs à la création d’une monnaie complémentaire qui servirait d’outil de financement d’opérations de résilience économique et de coopération régionale, en concertation avec les autorités locales et nationales.

FANNY FONTAN